Comme prévu, le plafond de la dette des États-Unis a été atteint. Comme prévu, les extrémistes républicains en profitent pour chercher à gagner des points sous la menace d’une crise financière globale.
Parmi les promesses de Kevin McCarthy aux jusqu’au-boutistes républicains qui ont retenu son élection à la présidence de la Chambre des représentants, il y avait celle de se servir du relèvement du plafond de la dette pour forcer la réduction de certaines dépenses malgré la résistance de la Maison-Blanche et du Sénat démocrates.
Ce moment est arrivé vendredi dernier, quand la dette a dépassé le plafond de 31,4 billions $ voté par le Congrès en 2021. C’est une danse complexe et dangereuse qui s’amorce.
Chantage et hypocrisie
Aux États-Unis, le montant de la dette nationale est plafonné par une loi qui doit être révisée au besoin par le Congrès. Pendant longtemps, ces révisions ont été routinières, mais depuis 2011 les républicains en ont fait une arme de chantage.
Depuis l’arrivée massive des populistes d’extrême droite du Tea Party en 2010, chaque majoration du plafond de la dette a été l’occasion de réclamer des resserrements budgétaires totalement irréalistes lorsque le président est démocrate. Donald Trump, pour sa part, a eu carte blanche pour creuser le déficit en réduisant les impôts des mieux nantis.
Même si les républicains entretiennent le mythe de leur responsabilité fiscale, ils sont aussi responsables de l’augmentation de la dette que les démocrates. Cela ne les empêche pas de réclamer des coupures de dépenses qu’ils ne pourraient jamais obtenir par la voie législative normale en tenant l’économie mondiale en otage.
Le département du Trésor pourra continuer à payer les factures du gouvernement fédéral pendant quelque temps, mais à moins qu’une nouvelle loi ne relève le plafond, il devra éventuellement fermer le robinet des dépenses.
Qu’arriverait-il alors ? En bref, ce serait la catastrophe. Non seulement le gouvernement devrait fermer boutique, mais il ne pourrait plus rembourser ses dettes. Comme les obligations émises par les États-Unis sont un pilier du système financier international, une crise financière globale serait inévitable.
Vous vous souvenez de la chute vertigineuse de votre fonds de pension en 2008 ? Cette nouvelle crise serait encore pire. Et pourquoi, au juste ?
Vers l’impasse ?
Les demandes des extrémistes qui tiennent Kevin McCarthy par les bijoux de famille sont si exagérées que le président Biden leur a déjà opposé une fin de non-recevoir.
Quant à l’impact d’un défaut de paiement sur l’économie internationale, ils semblent l’ignorer totalement.
En fait, l’objectif de ces Don Quichotte du déficit est de faire une démonstration de force contre le président Biden pour impressionner les auditeurs de Fox News et leur extorquer des contributions à leur campagne.
La solution simple à cette impasse serait que Kevin McCarthy se fasse greffer une colonne vertébrale, mais ça n’arrivera pas.
Une solution plus réaliste serait pour la minorité raisonnable du caucus républicain de s’allier avec les démocrates pour contourner McCarthy, ce qui s’annonce long et compliqué.
Pour le moment, les marchés semblent anticiper une solution miraculeuse à cette confrontation à grand risque, mais cet optimisme repose sur des bases bien minces.